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Transmission du patrimoine : des clés éthiques et solidaires

Marc-Antoine - 15/09/2025

Transmission du patrimoine : des clés éthiques et solidaires

Lancement d’une série d’articles sur le sujet de la transmission du patrimoine avec des pistes de réflexion concrètes, éthiques et solidaires.

Introduction

Transmettre un patrimoine, c’est souvent évoquer des notions juridiques, de fiscalité, de sécurité pour l’avenir… Mais au-delà des montants et des démarches administratives, la transmission est aussi un acte profondément humain : elle relie les générations, perpétue des valeurs et construit une histoire durable.

Dans une époque marquée par les transitions écologiques, les transformations familiales et la montée des préoccupations sociétales, organiser sa transmission avec intelligence, cohérence et sens n’est plus un luxe : c’est une nécessité !

À travers cette série d’articles, Noiret Patrimoine souhaite éclairer ces choix, en vous proposant des pistes concrètes, éthiques et éclairées.

 Constat sur la transmission en France et grands défis

En France, la transmission de patrimoine est une réalité que chacun vivra un jour. Que ce soit en recevant un héritage, en organisant une donation de son vivant ou simplement en réfléchissant à l’avenir de ce que l’on a construit. Pourtant, si le sujet nous concerne tous, il reste souvent tabou, voire anxiogène.

Et pourtant, les chiffres sont clairs : d’ici 2050, ce sont plus de 350 milliards d’euros qui seront transmis chaque année en France. C’est l’équivalent de 10 % du PIB du pays ! Autrement dit, la transmission patrimoniale est l’un des grands enjeux économiques et sociaux des prochaines décennies.

Mais au-delà des montants colossaux, ce sont surtout des histoires personnelles qui se jouent.

Prenons le cas d’un couple de retraités, propriétaires de leur maison et disposant d’un portefeuille d’épargne. Ils souhaitent aider leurs enfants à s’installer mais ils hésitent : faut-il donner maintenant ? Attendre ? Risquent-ils de payer trop d’impôts ? Et leurs petits-enfants, comment les intégrer à cette réflexion ?

Ou encore cette femme de 45 ans, qui vient de perdre sa mère. Elle découvre que la succession est bloquée par un désaccord entre frères et sœurs. Aucun testament n’avait été rédigé. L’absence d’anticipation laisse place à l’incompréhension et aux tensions.

Ce type de situations, nombreux sont ceux qui les vivent. Car aujourd’hui encore, la transmission reste mal préparée :

  • Moins de 20 % des Français ont déjà rédigé un testament.
  • Seuls 15 % ont réalisé une donation.
  • Et près d’1 héritage sur 2 donne lieu à des démarches complexes, voire à des conflits familiaux.

Un autre phénomène s’ajoute : on hérite de plus en plus tard.

En 1980, l’âge moyen auquel on héritait tournait autour de 35 à 40 ans. Aujourd’hui, on parle plutôt de 50 à 55 ans. Pourquoi ? Parce que l’espérance de vie a augmenté et avec elle, l’âge au décès des parents.

Conséquence directe : on hérite souvent trop tard pour que cela ait un impact structurant sur sa vie professionnelle ou familiale. Le jeune actif qui voudrait acheter son logement, créer son entreprise ou aider ses enfants à financer leurs études ne peut pas compter sur un héritage immédiat. Il arrive souvent au moment où les grands projets sont déjà derrière.

Cette réalité pousse de plus en plus de familles à s’interroger : ne vaudrait-il pas mieux donner de son vivant plutôt que de transmettre à la fin de sa vie ? Anticiper pour aider maintenant, plutôt que déléguer à plus tard ?

Enfin, n’oublions pas que la transmission reste profondément inégalitaire. Les ménages ayant reçu une donation ou un héritage disposent d’un patrimoine deux fois plus élevé que les autres (472 300 € contre 239 900 €). Et quand on sait que 87 % des héritages sont inférieurs à 100 000 €, on comprend que seule une minorité bénéficie d’un véritable “coup d’accélérateur”.

3/ Rappel du fonctionnement civil et fiscal des droits de donation et de succession en France

Les règles civiles : qui hérite de quoi ?

La loi française encadre strictement la répartition du patrimoine en cas de décès. Si aucune disposition n’a été prise (testament, donation…), on applique les règles de la dévolution légale. La répartition dépend du lien de parenté et de la composition familiale.

Voici un récapitulatif des droits du conjoint survivant :

À noter : en présence d’enfants, une part minimale appelée “réserve héréditaire” leur revient obligatoirement :

Le reste constitue la quotité disponible, que l’on peut transmettre librement via testament ou donation.

Les règles fiscales : combien coûte la transmission ?

La France applique des droits de donation et de succession selon des barèmes progressifs, après abattements spécifiques.

Voici les abattements applicables (par bénéficiaire, tous les 15 ans) :

Barème fiscal après abattement :

Exemple concret : un parent transmet 300 000 € à un enfant.

  • Abattement : 100 000 €
  • Part taxable : 200 000 €
  • Droits dus = (200 000 € x 0.20) – 1 806 € = 38 194 €

Comparativement à nos voisins européens, la France se distingue par un barème relativement élevé mais contrebalancé par des abattements et exonérations nombreuses. Dans d’autres pays, les abattements sont souvent plus généreux, ce qui limite la taxe réelle, même si les taux nominaux peuvent sembler comparables.

Conclusion

La transmission est donc à double visage :

  • Pragmatique car elle engage des droits, des règles, des calculs, un coût potentiel.
  • Humaine car elle porte des valeurs, des émotions, des repères, une vision du futur.

Chaque Français peut se retrouver dans les situations décrites : recevoir un héritage, se sentir dépassé par la complexité fiscale, craindre les conflits familiaux ou au contraire attendre avec bienveillance de léguer un legs qui porte plus que des actifs mais aussi du sens.

C’est pourquoi la démarche de transmission ne doit pas se limiter à l’optimisation fiscale ou à l’exécution légale. Il s’agit de :

  • Réfléchir : à qui vouloir transmettre ? à quel moment ? et pourquoi ?
  • Agir : utiliser les outils disponibles (assurance-vie, donations, pacte Dutreil, groupements forestiers, etc.) pour structurer cette transmission.
  • Accompagner : préparer ses héritiers à ce qu’ils reçoivent également en termes de valeurs, de responsabilité et de sens.

Dans les prochains articles, nous explorerons concrètement ces outils qui permettent de transmettre avec sens dans une vision patrimoniale éthique et solidaire. Nous verrons comment :

  1. L’assurance-vie peut être un vrai levier tout en intégrant des critères éthiques et solidaires à la gestion financière,
  2. Les groupements forestiers offrent une transmission vivante et écologique,
  3. La donation permet d’anticiper sereinement et surtout de transmettre des valeurs.

À travers cette série, Noiret Patrimoine souhaite vous guider pour que votre transmission ne soit pas seulement financière mais porteuse de sens pour permettre que l’héritage dure.

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