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La parole est à… Hervé Knecht, fondateur de l’entreprise adaptée AlterEos

Marc-Antoine - 11/07/2019

La parole est à… Hervé Knecht, fondateur de l’entreprise adaptée AlterEos

Le groupe AlterEos  est un acteur phare de l’économie sociale et solidaire.

Ses facettes sont multiples : entreprise adaptée, entreprise d’insertion, ESAT, entreprise de travail temporaire d’insertion…

Son impact est important : 450 collaborateurs, 85% de personnes fragilisées par un handicap. 

Retour sur cette histoire incroyable avec Hervé Knecht, fondateur du groupe AlterEos et actuel président de la Fondation de France Nord.

 

Monsieur KNECHT, pourriez-vous vous présenter et nous donner votre définition de la fragilité ?

Je suis le fondateur du Groupe AlterEos, créé en 1991 sur la base d’une entreprise adaptée, sous forme de SA SCIC. L’entreprise, basée à Tourcoing, comprend un centre d’appels (90 positions de travail), une unité de numérisation/gestion électronique de documents (leader en France) ainsi qu’une unité de conditionnement industriel. L’effectif total du Groupe est de 450 collaborateurs dont 85% de personnes fragilisées par un handicap. J’ai passé la présidence du Directoire à Sylvie Cheynel en 2012 pour continuer mon engagement dans des organisations porteuses de sens (notamment comme Président de la Fondation de France, région Nord et Administrateur de La Catho de Lille).

La fragilité est le bien que nous possédons tous. La fragilité n’est pas une tare, c’est une caractéristique de la nature humaine. C’est sans doute le lieu de nos vraies richesses. C’est elle qui nous donne notre sensibilité, notre altérité, notre créativité. Cette fragilité engendre notre besoin de solidarité, de fraternité, de coopération. Nous sommes dans un monde éminemment fragile. Qu’il s’agisse du tissu social, de l’économie, de l’avenir de notre planète. Cela veut dire qu’il faut s’en occuper, qu’il faut s’en préoccuper en permanence.

 

Lors de la création d’AlterEos (anciennement Flandres Atelier), quelles étaient vos ambitions ?

Ma vision dès le départ était de créer un ensemblier d’entreprises au service de l’emploi durable de personnes fragilisées par un handicap. Mon ambition était de développer un groupe de plus de 150 personnes. Nous sommes 450 aujourd’hui !

Pour mener ce combat pour l’emploi, nous avons testé et développé toutes les formes possibles d’entreprises filiales de l’Entreprise Adaptée : entreprise d’insertion, entreprise de travail temporaire d’insertion, ESAT,  entreprise de reconversion…

Concrètement, comment placer la fragilité au cœur d’un modèle économique viable ?

C’est le cœur de notre métier ! Bien sûr, l’entreprise est avant tout et surtout l’addition de compétences. Sans compétences, pas d’entreprise. Mais quand l’un commence à se préoccuper et à prendre en compte les fragilités de l’autre pour le mettre en situation de réussite, nous démultiplions les compétences de l’entreprise. C’est là que se cache notre vraie performance. Prenez l’exemple de la final de la Coupe de France de football… vous avez tous les ingrédients de la réussite !

Notre challenge est permanent. Notre recette passe par énormément d’attention portée aux collaborateurs pour qu’ils soient en permanence en situation de réussite sans stress ni charges mentales inutiles. C’est la raison de la présence de quatre formateurs à temps plein qui veillent en permanence à la qualité de vie au travail des collaborateurs de production.

Quels sont les écueils à éviter pour les téméraires souhaitant se lancer dans une telle aventure ?  

Les principaux écueils sont de considérer que c’est facile, qu’il suffit d’embaucher les meilleurs, qu’il suffit d’embaucher des personnes « peu handicapées » et faire une bonne affaire, de considérer l’aide au poste comme une opportunité d’améliorer le résultat, d’oublier de prendre en compte les coûts de l’accompagnement et de la formation.

En conclusion, quels sont les défis actuels pour que la fragilité ne soit plus marginalisée ?

Je pense que cela viendra des jeunes. Ils savent bien que nous sommes dans un monde éminemment fragile. Je suis d’une génération où il fallait absolument masquer la moindre fragilité. Il y avait confusion entre fragilité et faiblesse. Celui qui refuse de voir cette réalité va se réveiller difficilement.  La réponse n’est pas de l’éliminer mais d’en faire une alliée pour être toujours plus réactif, toujours plus agile, toujours plus coopératif, toujours plus attentif aux autres et au monde. C’est la fragilité qui donne du sens à nos vies !!

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