« Le lien social est aussi important que l’aide matérielle pour lutter contre l’exclusion » Louis-Xavier Leca, fondateur de La Cloche
Pénélope Dupont - 20/12/2019
Nous avons interviewé Louis-Xavier Leca au sujet des actions de l’association La Cloche pour lutter contre l’exclusion des personnes sans domicile, en misant sur le lien social et le « faire ensemble ».
Monsieur Leca, pouvez-vous nous présenter l’histoire et la philosophie de la Cloche ?
La Cloche est une association loi 1901, fondée en 2014 sur la base de 3 constats. Premièrement 83% des personnes sans domicile souffrent du rejet des passants, ce qui est un frein à leur réinsertion. D’autre part, 94% des citoyens aimeraient agir contre la grande exclusion mais beaucoup se sentent démunis, ne savent pas comment s’y prendre. Enfin, nous pensons que le lien social est aussi important que l’aide matérielle pour lutter contre la grande exclusion.
La Cloche vise alors à changer le regard porté sur le monde de la rue et encourage le “faire ensemble” entre voisins avec ou sans domicile, pour construire une société plus inclusive. Tous nos projets naissent d’une collaboration entre publics exclus, citoyens, professionnels de terrains, pouvoirs publics et entreprises. Notre approche positive, accessible et réplicable permet à chacun de s’engager pour le bien de tous.
Nous avons des antennes dans 8 grandes villes de France : Paris, Lille, Nantes, Lyon, Bordeaux, Marseille, Strasbourg et Toulouse.
Quels sont les impacts des différentes actions de la Cloche ?
Les différents programmes et activités de La Cloche permettent à la fois l’augmentation du sentiment de dignité des personnes sans domicile, la diminution de l’isolement des personnes sans domicile, mais également la création d’un cadre d’engagement adapté au quotidien des citoyens et le changement de regard sur les personnes sans domicile.
Tous ces impacts permettent aux personnes les plus exclues de reprendre pied et de se relever pour intégrer un parcours d’insertion voulu et pérenne. Elles se concrétisent notamment à travers 3 grands programmes. Le Carillon, un réseau de 1000 commerçants solidaires en France qui offrent des services du quotidien aux sans domicile fixe (aller aux toilettes, recharger un téléphone portable, se nourrir, etc.). Les Clochettes qui permettent de participer à des activités de jardinage urbain entre personnes avec et sans domicile. Et finalement La Cloche à Biscuits qui permet la réinsertion par le travail au travers d’une biscuiterie solidaire.
Quel est le modèle économique développé par votre association ?
L’association cherche son autonomie financière dans la création de liens avec les entreprises privées en complément des leviers philanthropiques et publics déjà acquis et sollicités. Cela passe notamment par une offre de parrainage dans laquelle La Cloche propose aux entreprises d’engager leurs collaborateurs autour d’un projet qui a du sens et au niveau local, tout en favorisant l’impact social.
Concrètement les entreprises locales sont intégrées aux réseaux solidaires comme un acteur à part entière et engagent à la fois leur marque (en apparaissant comme entreprise marraine) et leurs collaborateurs (en leur proposant des formations à la connaissance du monde de la rue, des visites de quartier animées par des personnes sans abri, un parcours de consommateur engagé auprès des commerçants solidaires aux abords de l’entreprise, la participation aux évènements, etc.).
Comment pouvons-nous agir en tant que citoyen contre le mal-logement ?
La Cloche propose un parcours à tout citoyen qui commence par l’information (casser ses clichés, comprendre le monde de la rue) à travers des vidéos, des évènements thématiques, puis la formation – à travers des ateliers pédagogiques – et enfin l’action à travers des programmes concrets (agir dans son quotidien, prépayer et offrir des plats et boissons, recréer du lien localement).
Vous pouvez retrouver les possibilités d’engagement aux côtés de La Cloche sur leur site internet : https://www.lacloche.org/comment-agir-a-nos-cotes.
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