Les congrégations religieuses et les diocèses français: l’état des lieux

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Marc-Antoine - 18/04/2024

L’objectif de cette série d’articles est de chercher à comprendre le monde des congrégations religieuses et des diocèses. Dans un pays façonné par l’héritage de l’Eglise – la France est souvent appelée la “fille aînée de l’Église” – bon nombre de fantasmes et de fausses idées ont encore libre cours, loin de la réalité que nous essayerons de vous décrire dans toute sa richesse et toute sa diversité.  

Dans ce premier article, nous explorerons les différentes facettes de l’Eglise catholique, son organisation, la situation actuelle, les éléments financiers ainsi que les principaux enjeux.

L’Eglise catholique : c’est quoi au juste ?

L’Église catholique, aussi appelée Église catholique romaine, est une institution qui rassemble l’ensemble des catholiques, c’est-à-dire tous les chrétiens en communion avec le pape et les évêques. Elle est aussi une institution et un clergé organisés de façon hiérarchique.

Il s’agit de la plus grande Église chrétienne, avec plus d’un milliard de baptisés. Elle est aussi l’une des plus anciennes institutions religieuses au monde. L’Église catholique a une organisation centralisée au Vatican, mais ses synodes, ses assemblées d’évêques, ses diocèses et ses paroisses locales assurent la gestion et la vie de l’Église sur tous les continents.

Le terme « catholique » signifie universel : l’Église se propose à tous les hommes, sans distinction.

En résumé, l’Église catholique est une communauté de croyants qui partagent une foi commune en Jésus-Christ, organisée autour d’une structure hiérarchique dirigée par le pape et les évêques.

L’Eglise catholique en France

L’Église catholique en France est une partie intégrante de l’Église catholique universelle. Elle regroupe l’ensemble des chrétiens de France qui reconnaissent l’autorité du pape et constitue la communauté religieuse la plus importante de la population française.

Historiquement, l’Église catholique a joué un rôle considérable dans l’histoire de la France, tant sur le plan religieux que politique. Le territoire de la France est découpé en une centaine d’évêchés à la tête desquels se trouvent les évêques réunis au sein de la Conférence des évêques de France (CEF).

L’Église catholique en France est organisée en 15 provinces ecclésiastiques et 104 diocèses. Elle compte 10 326 paroisses.

La distinction entre un diocèse et une congrégation religieuse

Une congrégation religieuse est un type d’institution religieuse dans l’Église catholique. Elle est composée de prêtres, de religieux et de religieuses qui vivent ensemble dans une communauté et qui partagent un engagement commun envers une mission ou un charisme spécifique. Les membres d’une congrégation religieuse prononcent des vœux et vivent selon une règle de vie spécifique.

Un diocèse, en revanche, est une division territoriale de l’Église catholique. Chaque diocèse est dirigé par un évêque et comprend plusieurs paroisses. L’évêque a la responsabilité de superviser toutes les activités religieuses, pastorales et administratives dans son diocèse.

En résumé, une congrégation religieuse est une communauté de personnes engagées dans une mission religieuse spécifique (clergé régulier), tandis qu’un diocèse est une division territoriale de l’Église dirigée par un évêque (clergé séculier).

Vision globale de la situation actuelle

Il est difficile de donner une vision globale de la situation de l’Eglise catholique car la situation peut varier considérablement d’un diocèse à l’autre et d’une congrégation à l’autre, en fonction de la démographie, la géographie, l’histoire et la culture locales…

Concernant les congrégations religieuses, elles sont confrontées à une diminution significative du nombre de religieux et de religieuses. Plus des deux tiers des religieux présents en France ont plus de 80 ans, et plus de 85% ont plus de 70 ans. Les religieux de moins de 60 ans représenteraient moins de 9% de l’ensemble. De plus, 50% de ces congrégations ont moins de 30 membres.

Le nombre de religieux en France, qui est aujourd’hui d’environ 25 000 (dont 4 000 moines et moniales), a baissé de près de 50% en 10 ans.

La France est également confrontée à une baisse de la pratique religieuse. En 2023, seulement 44% des Français déclaraient croire en Dieu, contre encore 66% en 1947. Si le catholicisme reste la première religion (29% de la population se déclare catholique), l’islam est déclaré par un nombre croissant de fidèles (10%) et confirme sa place de deuxième religion de France. Seuls 8% des catholiques fréquentent régulièrement un lieu de culte.

Ces chiffres montrent une diminution de la pratique religieuse en France, en particulier du christianisme qui comprend les religions catholique et protestante. Cela engendre également une diminution en importance du rôle de l’Église.

Le fonctionnement économique

1. Les diocèses 

L’Église catholique en France est juridiquement organisée en associations diocésaines (AD) qui obéissent au régime juridique et fiscal des associations cultuelles de la loi de 1905. Il existe une seule association diocésaine par diocèse.

Chaque association diocésaine intègre les comptes de toutes les paroisses de son ressort géographique, en général le département. Pour mener à bien ses missions, l’association diocésaine donne aux prêtres les moyens matériels de leur ministère (traitement, formation, logement, transport, etc). Elle salarie des laïcs qui collaborent à ses missions, et bénéficie de la disponibilité de nombreux bénévoles à qui elle donne les moyens d’agir.

Les missions pastorales de l’Église catholique s’articulent autour de trois axes :

1. Célébrer et prier : messes dominicales et quotidiennes, baptêmes, mariages, funérailles, groupes de prière…
2. Grandir dans la foi, se former et enseigner : catéchèse, catéchuménat, aumôneries de jeunes, formation spirituelle…
3. Agir et servir : accueil et solidarité dans les paroisses, pastorales de la santé, des personnes âgées, des personnes handicapées, des migrants, des prisonniers…

Les revenus d’un diocèse proviennent de plusieurs sources :

• Dons des fidèles : Les dons des fidèles constituent une part importante des revenus. Cela comprend les quêtes, les offrandes de messes, les dons pour les baptêmes, mariages et funérailles, et les dons faits directement à l’association diocésaine.
• Denier de l’Église : Le denier de l’Église est une contribution volontaire des catholiques destinée à assurer la vie matérielle des prêtres et des séminaristes, ainsi que le fonctionnement des services diocésains.
• Revenus immobiliers : Les diocèses possèdent des biens immobiliers (églises, presbytères, locaux paroissiaux…) dont ils tirent des revenus, par exemple par la location.
• Legs et donations : Les diocèses peuvent également recevoir des legs et des donations.
• Subventions : Les diocèses peuvent également recevoir des subventions pour la restauration des édifices cultuels.

Là encore, les situations sont très variables d’un diocèse à l’autre en fonction de la taille, du nombre de fidèles, de la richesse du patrimoine immobilier …

La Conférence des évêques de France (CEF) publie chaque année un rapport financier qui fournit une information claire et synthétique sur les finances de l’Église catholique en France. Il donne des éléments sur le bilan, sur les ressources et sur les charges de fonctionnement des diocèses.

B. Les congrégations religieuses

Les principales sources de revenus pour une congrégation religieuse peuvent inclure :

• Dons : Les congrégations religieuses dépendent souvent des dons de leurs membres et du public.
• Activités caritatives, éducatives ou autres : Les revenus peuvent être générés par les activités menées par la congrégation.
• Subventions ou soutiens financiers : Certaines congrégations peuvent recevoir des subventions ou des soutiens financiers de leur organisation religieuse parente ou d’autres sources.
• Conseils d’ordre administratif, juridique, fiscal : Certaines congrégations peuvent fournir des services de conseil pour générer des revenus.
• Conservation du patrimoine religieux, culturel, artistique : Les congrégations peuvent également générer des revenus en contribuant à la conservation du patrimoine.

Comme pour les diocèses, les situations varient énormément d’une congrégation à l’autre.

Les enjeux

Aujourd’hui, les diocèses et les congrégations religieuses font face à plusieurs défis majeurs :

• Baisse des vocations et vieillissement des religieux : Nous l’avons abordé, l’enjeu démographique est énorme.
• Gestion des actifs : Avec la baisse des vocations, de nombreuses congrégations sont confrontées à la difficulté de gérer et d’entretenir leurs biens immobiliers.
• Intégration des nouveaux mouvements ecclésiaux : Les nouveaux mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés ecclésiales se sont développés et ont pris une place importante dans l’Église. Cela pose des questions sur la manière dont ces mouvements s’intègrent dans les structures plus traditionnelles de l’Église.
• Désaffiliation globale : La désaffection vis-à-vis du catholicisme en France est un défi majeur pour les diocèses et les congrégations.

Ces défis nécessitent une réflexion et une action continues de la part des dirigeants religieux et des membres des congrégations pour assurer la vitalité et la pertinence de leurs communautés dans le contexte actuel.

Conclusion

Si l’Église catholique fait face à de réels défis, il n’empêche qu’elle dispose de nombreux atouts pour continuer sa mission. Comme le disait si bien le Pape François : « L’espérance est audacieuse, elle sait regarder au-delà du confort personnel, des petites sécurités et des compensations qui rétrécissent l’horizon, pour s’ouvrir aux grands idéaux qui rendent la vie plus belle et digne ».

Alors oui, l’Église a peut-être perdu de sa superbe, mais n’est-ce pas là l’occasion rêvée d’un retour aux sources plein d’authenticité ? La hausse du nombre de baptisés pendant la nuit de Pâques est, de ce point de vue, un signe encourageant !  

Prochain article : La gestion du patrimoine financier et immobilier des congrégations religieuses et des diocèses.

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