Notre Actu'

Noiret patrimoine - Notre actu'

La parole est à … Vincent Kraus, co-fondateur de FEVE

Marc-Antoine - 14/03/2024

La parole est à … Vincent Kraus, co-fondateur de FEVE

Zoom sur un placement solidaire : La Foncière Fermes en Vie (FEVE)

FEVE est une entreprise solidaire, labelisée Finansol. Le Fonctionnement de la foncière solidaire est le suivant : elle achète des fermes pour les mettre à disposition sous forme de location avec option d’achat à des agriculteurs qui souhaitent s’installer. En contrepartie, ils s’engagent à respecter une charte agroécologique définie avec FEVE.

L’objectif de la foncière est d’être un outil pour face au défi du renouvellement des générations dans le monde agricole.

Retour sur notre échange avec Vincent KRAUS, co-dirigeant de FEVE

Pourriez-vous nous présenter FEVE et sa mission ?

FEVE (Fermes En ViE) est une foncière solidaire qui achète des fermes pour les mettre à disposition sous forme de location avec option d’achat à des agriculteurs et agricultrices qui souhaitent s’installer et s’engagent à respecter une charte agroécologique.

Elle est principalement financée par des particuliers et des familles, conscients de la nécessité d’investir dans un actif tangible et diversifiant avec un fort impact social et environnemental. Quelques institutionnels (Caisse des Dépôts et Crédit Mutuel) participent également aux côtés des particuliers.

La raison d’être de la foncière est de contribuer à la transition agroécologique et alimentaire, ainsi qu’à la préservation de l’environnement et au renforcement de l’autonomie des territoires.

Quels sont les principaux enjeux du monde agricole ?

D’un côté des enjeux environnementaux :
> Environ 20% des émissions en gaz à effet de serre, deuxième secteur après les transports.
> Altération de la biodiversité : déforestation, disparition des oiseaux et des insectes, vers de terre…
> Dégradation et surexploitation des ressources : sols, eau, minéraux…
> Cycles naturels dégradés (azote, phosphore, eau…)

De l’autre des enjeux sociaux :
> Pénibilité du travail, surendettement, difficultés financières des agriculteurs, suicides… Mais aussi de bien-être animal, de santé, de souveraineté, et de résilience alimentaire.

Enfin, le monde agricole fait face à un enjeu crucial de renouvellement des générations. Près de la moitié des agriculteurs partiront à la retraite d’ici 2030, et ⅔ des personnes qui cherchent à s’installer sont “hors cadre familial”, c’est à dire qu’ils n’ont pas de parents agriculteurs ce qui rend leur installation d’autant plus complexe puisque cela signifie beaucoup d’investissements à réaliser.

Comment contribuez-vous concrètement à y répondre ?

Les agriculteurs disparaissent, -100 000 sur les dix dernières années. Le nombre d’exploitations agricoles en France est déjà passé de 1,6 million en 1982 à 400 000 en 2019. La surface moyenne d’une exploitation augmentant de 50 hectares dans le même temps.

Aujourd’hui, la ferme moyenne mesure 70 hectares, et le prix moyen des terres agricoles est de 6000€ l’hectare. En plus de devoir financer ces terres, l’agriculteur qui s’installe doit aussi financer des bâtiments agricoles, sa maison d’habitation, du matériel et des équipements.
L’accès au foncier représente ainsi la principale barrière à l’installation.

Si nous voulons arrêter cette hécatombe et conserver notre souveraineté alimentaire, il faut aider la nouvelle génération à s’installer et à mieux vivre de son métier !

Chez FEVE, grâce à la foncière, nous permettons à des agriculteurs de s’installer en les déchargeant de la pression financière au démarrage, avec des loyers (fermages) dont la valeur est beaucoup plus basse que s’ils avaient à rembourser des prêts. Avec la possibilité de devenir propriétaires de leurs terres au bout de quelques années, quand leur exploitation est bien en place et qu’ils en ont les capacités grâce à une option d’achat qu’on leur donne.

Et nous profitons de cette opportunité pour impulser un changement de modèle vers des pratiques plus vertueuses pour l’humain et l’environnement. Les agriculteurs installés s’engageant à respecter une charte agroécologique définie par FEVE.

Question d’actualité, comment sortir de cette crise par le haut ?

Il est temps d’avoir un débat sur le modèle agricole que nous souhaitons (cible) avant de discuter des mesures à prendre (trajectoire).

La colère des agriculteurs est légitime. Mais associer cette colère aux normes environnementales, c’est se tromper de combat.

La transition vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement est essentielle face à la crise écologique et climatique. Les agriculteurs sont en première ligne : sécheresses, incendies, inondations, tempêtes. La survie du secteur en dépend.
Chez FEVE nous pensons qu’un alignement par le haut est incontournable.

En raisonnant à l’échelle du territoire. En évitant les bassins de spécialisation. En valorisant mieux les externalités positives des pratiques agroécologiques. En favorisant les prix des « bons » produits, via un meilleur fléchage des aides agricoles, un meilleur partage de la valeur et des taxations à l’import. En exigeant des efforts de la part du consommateur.

Et à l’échelle des fermes. En pensant à la marge plutôt qu’à l’agrandissement. En réduisant les intermédiaires. En limitant les apports externes. En diversifiant ses productions. En favorisant la transformation. En préservant les sols, l’eau et la biodiversité. En utilisant l’agroforesterie.

Il est possible d’accompagner massivement les agriculteurs vers la transition, pour assurer un maillage de fermes plus résilientes, autonomes et diversifiées, partout sur le territoire.

La France se doit d’être leader dans cette direction en faveur de l’agroécologie, et emmener toute l’Europe avec elle.

Contactez-nous pour en savoir plus sur FEVE et ses activités

PARTAGER CET ARTICLE

logo noiret logo noiret